samedi 7 mars 2015

Définir le Rap.

Françaises, Français ; Belges, Belges ; mon Président-mon chien  ; monsieur l'avocat le plus bas d'Inter  ; mesdames et messieurs les Jurés ; public chéri, mon amour ! Bonjour, ma colère ! Salut, ma hargne ! Et mon courroux, coucou. (celui qui a la référence me mentionne sur Twitter on boit une bière parce que si tu l'as t'es quelqu'un de génial. @LecHadH5C tu connais les bails). 


La nouvelle définition du Larousse. A savoir qu'il y a quelques mois à peine leur définition était juste une bouse pleine de préjugés. Là c'est mieux déjà. Toujours nul, mais mieux. Et non, c'est pas "Rythme And Poetry" ou je sais pas quel autre anagramme de merde mdr.

Aujourd'hui la miff on s'attaque à un gros morceau. Un très gros morceau. Avant toute chose je tiens à rappeler que les propos tenus ici ne regardent que moi, je ne prétend pas détenir la sainte vérité, surtout là dessus. C'est le sujet qui a suscité le plus de débats autour de moi, donc autant dire que je l'ai taffé, c'est un peu mon quotidien, bienvenue dans le monde fabuleux du Rap (avec une majuscule, j'ai pris l'habitude de l'écrire comme ça, ça rend un peu plus noble un genre musical qui a reçu plusieurs litres de pipi sur la gueule).
Définir le Rap est une chose un peu impossible, on verra pourquoi. C'est pas pour rien que ça suscite toujours autant de débats entre amateurs "Nan c'est ça le Rap, oui mais si on dit que.... gnagnagnagna" c'est absolument terrible. Donc on va faire un peu de tri, casser les clichés et les trucs débiles qui sont un peu trop souvent racontés. Vous vous souvenez dans l'article sur l'Argumentation ? Pour casser une proposition universelle un contre exemple suffit, pour le reste va falloir des arguments valides. C'est parti mes kikis.

Comme d'habitude, je vous propose un plan pour vous repérer et sélectionner "l'information".

I/ Les clichés infâmes.

A/ Le rappeur en lui même
B/ Les thèmes abordés, ces "cases" casse couilles.
C/ La musicalité


II/ Rapide point historique pas chiant

A/ Les origines (parce qu'il y a beaucoup de conneries)
B/ En France
C/ Actuellement.
 

III/ Alors... une définition ?
 
A/ D'une approche générale.
B/ Sur des points précis.


IV/ Conclusion


Bon.. ça c'est fait. Le sujet est super large, je ne pourrai jamais aborder tout ce que j'aimerai aborder. Mais la synthèse est un exercice important. Ce plan vaut ce qu'il vaut. N'empêche que grâce à lui j'aurai une réponse et une définition en conclusion. Pour toute suggestion, réclamation, demande de détails, insultes, remarques, caresse de couilles, je vous invite sur mon Ask.
Commençons.


 I/ Les clichés infâmes.

A/ Sur le rappeur
 Le Rap est probablement le genre musical sur lequel il y a le plus de préjugés et autres amalgames. J'pense que maintenant, tout le monde a compris qu'il fallait pas faire d'amalgame. Les amalgames, c'est caca. Avant de s'attaquer aux clichés sur le Rap en lui même, on va d'abord se pencher sur ceux associés au rappeur. Vous savez cet être inculte élevé dans la rue par une famille de rottweiler. Dans le milieu du Rap lui même ça va insulter les MCs qui n'ont pas cette fameuse "street credibilité". Genre "fils de riches" devient une insulte et parce qu'on a pas grandi dans la hess on a pas le droit de faire du Rap. Faut pas véhiculer de telles conneries les gars (on verra que c'est de GROSSES conneries dans la deuxième partie).

Il y a de nombreux rappeurs, excellents, qui ont fait de belles études. On connait tous l'exemple de Youssoupha et son 18 au bac français (puis après il a été dans ma fac, flammes vertes sur vous), mais c'est loin d'être un cas isolé, je pourrai citer Ekoué et son master en Sciences Politiques ou Deen, major de sa promo à la fin de sa licence à la Sorbonne. De même, il y en a de très bons qui viennent de familles plutôt aisées (j'en profite pour faire un coup de pub au belge Roméo Elvis si vous connaissez pas, c'est super cool).


Cet immonde cliché s'alimente tout seul en plus. Beaucoup de personnes qui se lancent dans le Rap se sentent obligés de s'inventer une vie et c'est pas cool. Faut être soi-meme, surtout si tu prétends faire de l'"art". De même, les filles ou les gens de classes sociales supérieures n'osent pas toujours se lancer de peur d'avoir l'air ridicules. Eh oh, c'est de la musique, c'est pas fermé, lance toi et si t'es chaud tkt pas qu'on te sucera (ou on te dégustera la moule pour les dames). D'ailleurs, concernant les filles et le Rap... une fois de plus pour correspondre aux "codes" elles font presque toutes les bonhommes (en France du moins. Diams, Arkana, Ladea ou Pand'Or, vous m'accorderez que c'est pas ces meufs la qui vous font sentir à l'étroit dans vos caleçons). Aux Etats-Unis j'ai l'impression que c'est limite l'inverse genre elles se sentent obligées de faire les grosses putes. Sinon y a un juste milieu aussi... c'est bien d'être juste... euh.... une fille ?

Les rappeurs sont tellement mal vus qu'on a presque honte de s'affirmer en tant que tel. C'est chaud quand même. Genre un mec qui dit "ouais j'suis dans un groupe de rock on a repris Wonderwall dans un café à Stalingrad"tout le monde fais "waaa trop cool ! Je passerai te voir !". Mais quand t’arrive en disant "Perso je fais du rap, j'écris mes textes et j'essaie de poser des flow originaux mais j'galère un peu à faire des concerts" les deux réactions les plus fréquentes sont "Ah... euh ok.. *malaise*" et "MDRRR tu fais du rap ? Bah rap ! Vas y rap bouffon, amuse nous".... voilà voilà. 

Si vous voyez d'autres clichés fréquents auxquels j'ai pas pensé, je me ferai une joie de les transmettre et de les analyser alors balancez vos suggestions. Voilà, je pose ça là mais sachez qu'une fois de plus c'est valable pour chaque paragraphe de cet article.


B/ Les Cases casse couilles.

Dans le milieu du Rap lui même on cherche toujours à ranger tout tout le temps. On a tous entendu "Rap Conscient', "Rap Hardcore" ou même le plus récent et plus à la mode "Rap Alternatif". On range toujours le Rap dans la case "musique urbaine" etc etc. Parfois on invente un peu, genre si je dis "Rap babtou fragile love piano" j'pense que certains verront de quoi je parle.

Mais j'trouve ça con... j'ai cherché hein, mais j'ai pas trouvé de critères précis pour chacune de ces belles cases. Donc ça veut dire que c'est un peu comme on le sent quoi. Pourquoi s'acharner à vouloir tout réduire tout le temps ? Si un artiste fait un album avec un son sur du piano ou il parle avec tendresse de son ex qui lui léchait les boules, un son sur de la grosse trap ou il dit qu'il nique nos pauvres grands mères qui ont rien demandé à personne et un son boom bap "à l'ancienne" où il dénonce les dérives de la société de consommation.... il est dans quelle case ? Puis c'est bien beau mais il y a maintenant une telle diversité dans le Rap que c'est impossible de tout ranger. Non, le Rap n'est pas forcément "Urbain" par exemple (coucou les médias bande de sales putes vecteurs de clichés jvou pisse sur vou). Pour garder mon parallèle avec le rock, j'pense que c'est un peu pareil. Les artistes doivent réinventer les genres et casser les cases, arrêtez de tout réduire c'est chiant.Donc même les cases "rapcore", "jazz rap", ou même "rap poétique"... je rejette tout.

Et le "rap alternatif" en opposition au "rap commercial" la connerie que c'est ça encore... On l'a déjà dit et répété "commercial" ça veut rien dire, dès qu'on vend un truc il est commercial. Ce que les gens définissent comme commercial c'est tout simplement de la pop ou du "rap pop" si vous voulez. Tiens voilà, j'vais inventer un terme pour remplacer "commercial" : le rapop. Ou le poprap... nan ça fait nom de mycose un peu. Bref, la pop c'est cette musique pas du tout créée pour l'amour de l'art mais construite de toutes pièces avec des codes bien spécifiques par une équipe de gens qui réfléchissent pour que ça plaise au plus grand nombre (ce qui me fait pensr que le Rap a cette particularité d'avoir un systématiquement un auteur/interprète qui "compose" son flow. Suffisamment rare pour être souligné, c'est souvent appelé "musique DIY par excellence") . Oui c'est de la merde mais que voulez vous, ça rapporte. Le poprap c'est le truc qui sera le plus présent dans les médias, dans les grosses sales etc mais c'est pas le courant majoritaire, loin de là. C'est pour ça que le terme "alternatif" qui au final, désigne un peu tout le reste (mis à part les pauvres gangsta rappeurs qui collent aux clichés, mais eux aussi j'leur pisse dessus), n'a plus aucun sens. Comme tout le truc "rap underground" de mes couilles là. Toujours aucun critère, mis à part peut être qu'il faut que ça soit pas trop connu (genre Hugo TSR il est underground ou pas ?). Enfin bref, je pourrai faire tout un article rien que sur ça, j'veux pas m’appesantir dessus. Et ne parlons pas des pages facebook et comptes twitter genre "le vrai rap" parce que j'ai déjà un regard bien zehef.

Au final, tu dis que tu fais du Rap, tu fais du Rap. Point. Quel genre, quel style de Rap ? Bah j'sais pas, nique ta mère, écoutes et tu te fera ton avis, bastah. A la rigueur, le mieux pour définir un rappeur serait de le comparer à une dizaines d'autres et on ferai un croisement et moijqaomivhnaeugbemihjeb. Mais bon, même comme ça y a des cas chauds à décrire.


C/ La musicalité.

Que vous le vouliez ou non, le Rap c'est de la musique. C'est pas du bruit, c'est pas des gens qui parlent. C'est de la musique avec des gens qui rappent. Et ils rappent aussi bien sur de la Soul que sur du Rock, du Jazz, de la musique électronique ou n'importe quoi. C'est le genre qui se mélange le mieux, mais vraiment. Un rappeur peut collaborer avec n'importe qui.
Donc encore un gros cliché. On va y aller point par point, comme j'aime faire.

Premièrement, les instruments. On reproche au Rap son manque d'instruments organiques (certains diront même que du Rap avec des instruments organiques ça n'existe pas... je pouffe). Bien sur qu'il y a des instruments organiques, dans plusieurs groupes, je peux citer les excellents "The Hop" à l'époque ou le rappeur Espiiem en faisait partie c'était le feu avec la trompette et tout, tagada tsoin tsoin. Y avait pas un rappeur dans Linkin Park même ? Enfin bref, des groupes de rap avec des instruments organiques, y en a pleins (les instruments organiques c'est par opposition aux instruments électriques les loulous). M'enfin c'est pas parce qu'il n'y a pas forcément un ptit solo de flûte à bec que c'est pas de la musique. J'pense même que bien manier un logiciel de son et les machines qui vont autour et/ou bien maitriser une instru même quand il s'agit de samples est plus complexe qu'apprendre un instrument (je le sais pour avoir essayé en vain l'un et réussi sans trop de difficulté l'autre avec piano et guitare). Bref, en aucun cas le manque d'instruments organiques nuit au Rap, au contraire même. Cela permet plus de choses, plus de jeu de scène, plus de jeu avec le son et les prouesses d'un bon DJ sont tout aussi impressionnantes que celle d'un bon guitariste croyez moi.


Ensuite le point épineux, et là on rentre frontalement dans notre problématique de la définition du rap. Le chant. La voix en  général, en quoi des paroles rappées sont plus désagréables à écouter que ces mêmes paroles chantées ? Va falloir être technique pour vous démontrer que là aussi c'est un joli préjugé. Souvent j'ai entendu "ouais je comprend pas ce que racontent les rappeurs, c'est trop rapide". Faux. Parfois il y a même moins de paroles dans 16 mesures de rap que de "chant classique" dirons nous. Le flow, le rythme en gros, ça peut être 2, 3 mots pour toute une mesure ! Le Rap offre cette flexibilité infinie des mots. Un seul mot peut tenir une voir deux mesures complètes ou bien il peut y avoir un jeu de ce qu'on appelle le "fast flow" qui va consister à débiter le plus de syllabes possibles en une seconde. Un rythme plus varié, donc plus riche, pas forcément plus rapide donc. Alors niquez vos races un ptit coup la famille svp. Quant à la mélodie... aaah ça mérite un nouveau paragraphe ça.

Les rappeurs, assez souvent, savent aussi très bien chanter. Je peux reprendre l'exemple d'Espiiem cité plus haut mais aussi, bien sur, de Nemir ou dans les beeeeeaaaaauuucoup plus connus, Maitre Gims. Comme je l'ai dit plus haut, le Rap c'est de la musique, le but c'est en bonne partie de produire quelque chose d'agréable à l'oreille. Les flows sont mélodieux, harmoniques même si ce n'est pas aussi clair que dans le chant où les notes sont vraiment maintenues et moins spontanées. Les jeux de rimes et de flow du Rap accentuent cet aspect mélodieux. On distingue aisément quelqu'un qui rappe de quelqu'un qui parle non ? (Et encore même quand on parle on émet des notes mdr). Et n'oublions pas que le Rap est un genre qui se redéfini en permanence et qui n'a de cesse de casser ses propres codes. C'est le genre qui se mélange le mieux aux autres styles de musique. On retrouve assez souvent un couplet de Rap sur de la musique classique, comme électronique mais aussi en association avec du reggae, du jazz, de la soul, du rnb évidemment et j'en passe.



II/ Rapide point historique pas chiant

A/ Les origines.


Bon, soyons clairs déjà. Quand je dit "les origines" je parle des débuts. Pas de ce qu'il y avait avant. Donc je ne parlerai pas du spoken word ou de la funk ou quoi, mais si vous voulez vous renseigner sur ces courants particuliers je suis sur que Google vous aidera. Parce qu'en fait on retrouve du Rap bien avant les années 70/80 (ou même 1920 si on part du spoken word). Y en a même qui disent que ça vient des troubadours du moyen-âge en occident et de je sais plus quelle merde au Brésil. Enfin on s'en cogne, si on recherche ce qui ressemble à du Rap sans en être parce que le mot était pas inventé je pense qu'on peut remonter à la genèse du chant. J'suis sur que les hommes des cavernes tapaient des cyphers autour du feu (un cypher, jeune néophyte, c'est ce délire de "cercle" où les MC rappent en freestyle les uns après les autres. Et un freestyle c'est pas une impro, le prochain qui dit ça j'vais l'enculer. Tiens, j'devrai faire un article sur quelques termes dans l'univers du Rap j'suis sur que ça aiderait plein de gens. Ouais, je vais faire ça en balle, une semaine après la publication de ça si Dieu le veut). 

Alors oui, les débuts disions nous. Alors le Rap vraiment en tant que Rap, définit comme tel, décrit comme tel né en 1974 avec DJ Kool Herc. Il se place dans le cadre du Hip Hop, un mouvement qui réunit graffiti (à ne pas confondre avec tag), break dance, deejaying (beat box compris) et Rap. A la toute base c'était les MCs (aujourd'hui ça désigne les rappeurs de manière générale mais à la base ça veut dire "maître de cérémonie", c'était des mecs payés pour mettre l'ambiance en soirée) qui faisaient trois rimes à la con pour mettre l'ambiance pendant que Kool Herc changeait son vinyle (mais vraiment à la con hein, genre LES MAIIINS EN L'AAAAAIR, ET POUR BERNARD CE SOIR, JOYEUX ANNIVERSAIIIIIIIRE). Voilà comment ça nait. On a appelé cette pratique du Rap. Sinon, le mec qui a inventé le terme "flow" c'est Rakim, dans les années 80.

Tout le monde est à peu près d'accord pour dire que le son "Rappers Delight" du Sugarhill Gang est le premier son de Rap en tant que musique, avec des mecs qui s'appellent rappeurs et tout. Classique parmi les classiques, écoutez sur youtube, vous connaissez forcément. C'était en 1979 ça, 45 tours ma gueule. Là c'était très influencé de la funk, surtout pour faire bouger les gens en soirée. Donc écoutez pas les merdeux qui disent que le Rap à la base ça vient de la tess, parce qu'à la base c'est fait pour enflammer le dancefloor. De même pour ceux qui disent qu'à la base c'est un truc de noirs. Certes, il y a eu un moment où c'était très influencé par la culture afro-américaine avec beaucoup de rappeurs noirs engagés contre le racisme aux États-Unis et tout. Mais le Rap à ses débuts était aussi noir que blanc, un bon exemple peut être les Beastie Boys dans les années 80. Attendez j'vous met une photo parcequ'ils ont une vraie dégaine putain. 


Mdr nan mais regardez moi ça, on dirait des fans de Matt Pokora.

Le premier rap engagé, politisé (très à gauche voir extrême gauche, comme 95% des chansons politisés, parce qu'on est des artistes voyez vous, vive Trio, sauvons les arbres et libérez Lacrim) arrive dans les années 1980, avec Public Ennemy par exemple. J'crois que c'est Grandmaster Flash le premier à faire du rap conscient. Et là c'est effectivement devenu une musique surtout populaire et pratiquée par des noirs américains. Et ce qui est marrant à observer c'est que le public de Rap c'était pas les mecs dans la merde. C'était principalement un public blanc, plutôt friqué qui s'encanaillait un peu. P. Diddy l'avait bien compris, il a mélangé le Rap avec des thèmes plus passe partout, des chants doux et en vogue et ça a cartonné. C'est en partie grâce à lui que le Rap s'est réouvert et est devenu un genre si éclectique aujourd'hui.

Bon, pour la suite j'vais pas parler des guerre East Coast VS West Coast (Biggy VS Tupac en gros NY VS LA). Je vais pas m'attarder non plus sur la division entre les rappeurs "gentils" VS "les rebelles" (pourtant réelle dans la société et intéressante mais c'est pas le propos). Enfin, je vais ignorer en toute conscience les clashs et ce qui s'est développé autour. C'est chiant et de l'ordre du détail. On passe à la France.



B/ En France.


Alors ça c'est très vite et très bien exporté comme musique. Dès les années 80 avec DJ Dee Nasty en France (on remarquera qu'à l'époque le rappeur était plutôt en retrait par rapport aux DJs qui faisaient les instrus. Genre le fameux The Message de Grandmaster Flash c'est Melle Mel qui rappe mais c'est pas à son nom. Voilà, j'voulais juste dire ça). Par exemple. Et très vite on est devenu la deuxième terre du Hip Hop juste après les Etats-Unis et on l'est encore, fuck yeah. Au tout début des années 80 c'était diffusé que sur des radios pirates tah Good Morning England (les débuts de Radio Nova... eeeh ouais). On diffusait du Rap US. Toujours début des années 80 y avait des sessions open mic au Bataclan ou à la Chapelle avec déjà des ptits mecs qui rappaient dans leur coin mais tout le monde s'en battait bien les couilles.

Mais au début des années 90 (youhou le fameux "âge d'or" que moi je réfute parce que c'est n'importe quoi, ça venait à peine de commencer et donc c'était pas un genre mure et ça l'est toujours pas alors... bon bref, nique eux) on a commencé à avoir des vrais rappeurs français qui allaient enregistrer et tout. Et là où la France a été très chaude, c'est que les producteurs ont tout de suite vu le potentiel de ce nouveau genre. Et en fait, les premiers rappeurs se sont vite fait signés et sont vite devenus des stars et nos soit disant classiques aujourd'hui. Je parle bien sur des NTM, IAM et toutes ces conneries qui ont sucé les cainrys en voulant faire une division Nord/Sud, Paris/Marseille mdr. Ah oui, parce que je crachouille aussi un peu sur les classiques, je pense pas me faire beaucoup d'amis avec cet article. En tout cas voilà, ça a tout de suite été signé, et ça a tout de suite bien marché, pas pour un public de niche mais à grande échelle, c'est ce qu'il faut retenir. Pas pour la street mais surtout pour la classe moyenne. Le schéma inverse des Etats-Unis en fait. Eux c'était un truc indépendant, populaire que les médias ont saisi pour en faire un boom et nous c'est d'abord les médias avant que la rue se l'approprie. Pour vous dire l'avance des médias, TF1 diffusait l'émission H.I.P H.O.P en 1984 ! Bon, ils pensaient que c'était juste un petit phénomène de mode mais ils on eu du flair quand même.

En France on a toujours eu une belle diversité dans le Rap et ça c'est cool. En 1990 gros carton de Qui Sème le Vent Récolte le Tempo, album mythique de.... de ???? Si t'as pas répondu t'es une galère poto. C'était MC Solaar et son rap un peu poétique, qui a grandement contribué à la popularisation en France. Il cassait du cliché et c'est pour ça que je l'aime bien. Et on avait aussi du rap méga engagé comme le groupe de Rockin Squat qui est.... qui est ???? Assassin, bien évidemment. Mais aussi diversifié musicalement genre le très grand Première Consultation de.... non c'est chiant ce jeu en fait. De Doc Gynéco. Voilà, j'vais pas faire tous les groupes et collectifs à l'ancienne, vous connaissez hein. Allez, parce que ça fait plaiz, quelques noms en vrac : Time Bomb, Secteur A, Minister Amer, La Caution, ATK....euh.... La FF à Marseille aussi... voilà, c'est bon ça m'a saoulé.

Donc voilà pour la naissance en France. Les années 2000 je les prend un peu comme une étape d'évolution après la naissance pour aboutir au truc actuel. Auquel on va passer tout de suite.



C/ Et maintenant ?


Alors là je vais malheureusement me concentrer sur la France. Vous savez maintenant que je déteste parler de trucs que je maitrise pas trop et le Rap US bah... je suis un peu beaucoup rincé. Cependant, je suis sur qu'il se passe exactement la même choses aux USA mais en encore plus avancé.

Maintenant c'est absolument fabuleux on cherche à repousser les codes et à redéfinir le genre en permanence. Certains font des trucs un peu "à l'ancienne" mais avec des techniques, d'écriture et de flow bien plus récentes (oui je pense à l'Entourage mais pas que). Y a vraiment tout type d'instrus, tout type de groupes des plus expérimentaux et ultra modernes aux plus old school. On parle de tout. Bien sur, il y a encore beaucoup d'égotrip et aussi beaucoup de gansta rap et de rap conscient. Mais vraiment, ça s'est méga diversifié. Même sur le public, il y a des directioners  fan de Rap en parallèle, si si, ça existe. Sur les acteurs aussi, grâce notamment à Orelsan en France mais aussi à la réussite d'1995, moins de gens ont honte de se lancer (bon, ça fait souvent mal aux oreilles mais les amateurs dans leur tess faisaient mal aux oreilles aussi). Aller, un petit chiffre parce que c'est cool. Le Rap c'est maintenant 40% des jeunes qui disent en écouter régulièrement d'après l'INSEE.

Enfin bref, on parle de tout, sur tout sorte de musique, avec tout le monde et ça c'est génial. C'est presque fou de se dire que Joke (dansant, électronique, parfois un peu chanté mais souvent fast et énergique, très égotrip), Fuzati (poétique, instrus assez 90's issues souvent de la musique classique, flow lancinant) et Gradur (hardcore, la rue, mes pauvres oreilles, calme toi monsieur) sont dans le même rayon à la Fnac.

En fait j'ai l'impression que tous les genres subissent un peu la même évolution. Je vais parler du Rock parce que ça vous parlera plus mais j'ai discuté avec une vieille dame à la fac qui me disait que pour le Blues c'était pareil. En fait ça commence un peu comme une musique de niche, écoutée par les jeunes avec les parents qui gueulent. Le côté voyou et marginal s'en empare (les "loubars" pour le rock avec leurs motos et manteaux de cuir), il y a plein de clichés qui se forment et les adultes ont peur. Puis la musique évolue, se diversifie et casse ses codes. Les médias s'en emparent, et es producteurs font des sous (Elvis). Et enfin, les enfants qui écoutaient ça au tout début sont maintenant devenu adultes et ça devient une musique "normale". Du coup faut encore une vingtaine d'années au Rap pour accéder enfin à ce rang.

Je me demande vraiment où on sera dans 10/20 ans j'ai une impression chelou. Un mélange entre "c'est dingue, tout a déjà été fait, comment on peut aller encore plus loin ?" et "c'est un genre jeune on creuse des nouvelles pistes tous les jours et il nous reste beaucoup à découvrir". Voilà, c'est tout pour cette troisième partie qui fait un peu office de bilan/constat. 




III/ Du coup, pour la définition...


A/ Ouais mais c'est chiant aussi.


Une définition générale va être très difficile à donner. Et franchement, je pense qu'une phrase qui commence par "le Rap c'est..." ou pire "le vrai Rap c'est..." on peu être à peu près certain que ça sera de la merde. 

Alors pourquoi ? Bah on l'a dit dans la musicalité et dans le point sur le Rap actuellement. C'est beaucoup trop large. Et ça peut un peu tout englober. Mon ami Eden Dillinger a un peu trouvé une solution à ce truc en disant "Au final tu fais du Rap si tu dis que t'en fais. Si Brassens  ou Renaud avaient dit que c'était du Rap, bah ça aurait été du Rap. Si demain Fauve se revendiquent rappeurs, je les contredirai pas." Et c'est bien trouvé je trouve. Moi je dis juste "c'est une façon de chanter particulière qu'on peut croiser à d'autres" mais azy c'est pété.

C'est super compliqué à définir pour une deuxième raison dont j'ai aussi beaucoup parlé précédemment. Le Rap est très comparable à la poésie (qui est ptet encore plus impossible à définir) car dans son évolution, il va repousser ses propres limites en permanence. En fait, on pourrait même le définir par sa non définition. Le but d'un bon rappeur va être de faire du Rap en allant encore plus loin que la définition mais ça reste du Rap. Je sais pas si c'est bien clair ce que je raconte là. Vous savez c'est ce truc dont j'arrête pas de parler de "casser les codes". Genre dès qu'on a des codes, des cases ou des trucs comme ça, un peu définis, les rappeurs prennent un malin plaisir à aller encore plus loin et à tout démolir. Ou pire : à tout croiser, tout mélanger. Genre quand on a cru que la trap c'était pour ambiancer, forcément y a eu des mecs qui ont commencé à faire de la trap chill. Donc au final on a peut être une autre définition ici, ou du moins un point clef dans la définition du Rap en disant "Le Rap est un genre musical qui renouvelle sa définition et casse ses codes pour perdurer". 

Car c'est ça le but. Tout comme la poésie, on a souvent déclarer la mort du Rap... avant que des mecs viennent le révolutionner. Et le genre perdure. Et il marche toujours aussi bien, si ce n'est mieux car plus il est évolue plus il est susceptible de plaire à beaucoup de monde. Et je suis intimement persuadé... mieux... je suis certain à 100% que N'IMPORTE QUELLE PERSONNE SUR TERRE peut trouver au moins un artiste de Rap qu'il va adorer. D'ailleurs, quelqu'un qui déteste Booba (qui, il faut l'avouer, colle aux clichés. Mais il joue avec.) change souvent d'avis après une écoute de Pitbull par exemple. De même quelqu'un qui dit que c'est un truc d'analphabètes (Zemmour ta mère est une pute plus que jamais), faites écouter un bon Scyla ou Lucio Bukowski, testé et approuvé, ça a son petit effet. Il y a des sons tellement différents c'est strictement impossible de tout rejeter en bloc. Tout comme il est impossible d'adhérer à tout ce qui se fait dans le genre. Moi même pourtant "fan de Rap" je suis loin de tout aimer. Très loin.


B/ Ce qu'on retrouvera toujours.


Bon, tentons une autre approche, moins généraliste. Une définition c'est trouver les caractères essentiels de quelque chose. Ce qui fait que c'est ça et rien d'autre, des points précis. Par exemple, que le Rap fait partie du mouvement Hip Hop, voilà c'est un fait. C'est ce à quoi servait la partie historique, donner des faits qui permettront de construire la définition en conclusion.

Mais cette approche est peut être encore plus chaude que la première. Les instrus sont de tous les types, de tous les genres musicaux existants. Parfois même, il n'y en a pas, et on rappe a capella. Donc pas les instrus. Alors quoi ? Les thèmes ? Non plus, on l'a vu, on peut parler de tout et les cases ça tue le Rap et sa définition. En revanche on peut s'attarder sur une musicalité particulière et des techniques d'écriture. Certes, tous les rappeurs ne correspondront pas. Mais cela reste des points précis et spécifiques au Rap en particulier.

Pour la musicalité. Alors la musique c'est fait de temps forts et de temps faible, c'est de la mélodie et du rythme. Enfin, on est pas là pour définir la musique en général, on a déjà assez de taf avec le Rap. Mais ce qui est sur, c'est pour que ça soit audible, le flow doit s'accentuer sur les temps forts. Sinon, c'est moche. Il faut un débit particulier, rythmé (attention, rythmé ne veut pas dire rythmé rapidement), sinon bah... ça serait parler... ça serait du slam. Et que ça soit avec ou sans beat (boom tchak) on surf sur les temps forts avec un débit rythmé correspondant à des mesures. Exemple, sans beat. 



Concernant l'écriture maintenant. C'est compliqué une fois de plus. La multisyllabique par exemple n'est pas spécifique au Rap, elle peut très bien s'appliqué à d'autres genre musicaux et je suis sur que d'autres artistes le font. Ah bah tien, le truc de la Reine des Neiges, "Let it Go" les paroles en anglais c'est "Let it Go, Let it Go, Can't hold it back anymore" je crois. C'est donc une multisyllabique mais c'est pas du Rap (évidemment, les rappeurs ne font pas tous des multisyllabiques hein. J'expliquerai bien ce que c'est dans mon article de la semaine pro). N'empêche que, de façon générale, les jeux de mots et les jeux de rimes complexes se retrouvent beaucoup dans le Rap. C'est pas un point qui permet de le définir, mais ça serait une erreur de ma part de pas en parler. La punchline et les schémas de rimes prennent une place importante. De plus en plus. Après, pour la structure de la plupart des couplets en 16 mesures je crois pas que ça soit spécifique au Rap. Perso dans l'écriture, c'est un peu tout ce qui me vient en tête au moment où j'écris ces lignes. Parce que merde, on dit souvent que c'est de la poésie moderne et que le texte c'est ce qu'il y a de plus important dans le Rap. Je ne suis pas vraiment d'accord mais bon, là n'est pas la question.

En conclusion de cette partie sur les points précis on a donc... une définition toujours floue. Mais croisée avec ce qu'on avait dans la partie A, on peut avoir un truc pas mal. Concluons.



 IV/ Conclusion



Le Rap est un genre musical jeune, né aux États-Unis dans les années 70/80. Rapidement exporté, il est un genre majeur aujourd'hui. Le Rap est difficile à subdiviser, malgré les nombreux clichés associés aux rappeurs (qui sont d'ailleurs systématiquement auteurs/"compositeurs"/interprètes), aux divers "genres de Rap" ou à la musicalité elle même. Souvent associé à la poésie, comme elle, il n'a de cesse de renouveler sa définition et casser ses propres codes. Il s'agit d'une façon de chanter particulière, la plupart du temps sur les temps forts, rythmé sur des mesures. On retrouve souvent des jeux de mots, des "punchlines" et jeux de rimes complexes. Dès que l'on affirme faire du Rap, on fait du Rap.

Voilà, après tout ce qu'on a raconté, on a cette définition. C'est pas mal non ? Donnez moi votre avis les gens, parce que c'est aussi ça le Rap : des débats incessants pour le définir. J'vous laisse avec le saint freestyle de Kacem Wapalek et sa célèbre intro.




PS : Continuez à dire "J'aime pas le Rap MAIS..." vous allez finir fouettés par votre intestin grêle et faudra pas dire que j'ai pas prévenu.

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